Covoiturage : Tout est question d'alibi

Vendredi après-midi, notre aventure nous permit de découvrir une nouvelle facette du covoiturage.

Le conducteur de la Citroën Xsara, un jeune d'une trentaine d'années, s'informa auprès de ses collaborateurs pour avoir une idée sur la station-service où il pourrait faire le plein de carburant. On lui indiqua une station située à quelques mètres de l'ancienne gare ferroviaire, près de l'embarcadère du Port de Dakar.

Quand tous les passagers furent bien installés, il démarra, contourna les bouchons pour s'arrêter devant ladite station d'essence. Il prit ses précautions avant d'aller voir le pompiste. Tout est question d'alibi se dit-il.

Il changea de masque. Aussi cocasse que cela puisse paraître; il enlèva son masque médical et sorti un autre masque noir en tissu avec l'effigie de la police. Sitôt porté, il partit avant de revenir pour vérifier s'il n'y avait pas de bouteille vide qui ferait l'affaire puisqu'il y avait pas moins de cinq camions bien positionnés. Autant le dire, la pénurie d'essence, résultant de la grève des transporteurs des hydrocarbures, faisait sentir ses effets dévastateurs.

Notre chauffeur ne chercha pas à comprendre. Pour lui, une telle pénurie résultait des événements du mois de mars. C'est sa lecture. Il citait nommément Sonko.

Après tout, il a ses raisons.

Partant, on apercevait clairement le billet de 10000f qu'il avait fait sortir de son portefeuille.

En garant sa voiture, notre chauffeur n'avait d'yeux que pour le carburant. Nous reçûmes ainsi les plaintes d'un autre conducteur d'une Mercedes ML 350 de couleur grise. Ce dernier prit finalement son mal en patience. Énervé, il fit quelques pas avant de s'installer confortablement dans sa voiture. Lu metti yàggul !

Notre conducteur du jour revint au bout d'une dizaine de minutes. La bouteille de Kiréne de 10 litres était presque pleine. Tout au long du voyage, la politique s'invita au débat. Macky a déçu, disait-on. Le Conseil présidentiel devait se tenir depuis des années. Ce que Macky n'a pas pu faire en 9 ans, il ne pourra pas le faire en trois ans. La question du train de vie de l'Etat est aussi revenue lorsque nous vîmes passer un cortège ministériel.

À la sortie 10 de l'autoroute à péage, on quitta le terrain politique avec ses succulentes polémiques. Il fallait céder la place aux expériences personnelles. Trois parmi les cinq voyageurs avouaient avoir quitté récemment Dakar ( Scat Urbam, Liberté, Medina, pour s'installer à Kounoune, Keur Ndiaye Lô, Bambilor ...

Ibnoze

24/04/2021

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