#sunumbir : c'est notre affaire ! 

Que d'échanges auxquels nous assistons

Dans les bus

bus-sunlong.jpgDans les bus, il est fréquent d’assister à des scènes dignes de femmes se disputant à la borne-fontaine. En effet, très souvent des échanges houleux peuvent exister entre le receveur et un-e client-e ou entre les clients eux-mêmes.

I- Entre receveur et client-e :

Premier cas

Sur l’avenue Blaise Diagne, un client de la ligne 12 des bus DDD s’en prit violemment au receveur. Il lui réclamait sa monnaie et ne put gober le refus du receveur de lui restituer la monnaie de sa pièce, clairement mentionnée, du reste, sur le ticket qu’il lui fit parvenir.

-          Attendez un peu, lui rétorqua l’agent de la société DDD

Visiblement sous l’effet du stress, le client déversa toute sa  bile.

-          Je me demande qui tu es pour nous imposer l’heure à laquelle nous te réclamons nos sous. Ne joue surtout pas au dictateur avec nous.

-          Si j’ai, je te rembourse. Si je n’ai pas je ne te rembourserai pas. Vois-tu, je devrais normalement te faire descendre là où je t’avais pris avec tes 500 francs.

-          Ce n’est pas possible qu’on ait tous l’appoint de monnaie comme l’indique ce bandeau lumineux qui ne cesse de défiler dans vos « nouveaux » bus. Et  puis, on n’est pas au Congo. On est au Sénégal, un pays démocratique. Si tu ne veux pas me prendre quelqu’un d’autre me prendrait. Sache que je ne vais pas te payer de bonbons afin que tu fasses ton job.

Nous observions minutieusement la scène et ne manquions pas de rire sous cape. Drôle de conception de la démocratie nous disions-nous. Démocratie, selon nous, ne saurait rimer avec  anarchie. Notre point de vue est clair pour éviter de se donner en spectacle dans les bus chaque client devrait chercher la monnaie et présenter au receveur suivant sa destination 150, 175, 200 ou 225 frs, dans les bus DDD.

C’est utopique ce que vous dîtes là, ne cessaient de nous rappeler nos sœurs F. N. et O. D. En tout état de cause, ce problème n’existe chez les Tata. Même si Tata et bus DDD ont en commun de ne pas prendre de billet de 2000.

Deuxième cas

Le receveur de la ligne 121 nous avoua s’être fait avoir. Entre la théorie et la pratique, il peut bel et bien y avoir un fossé. Nous venions de dépasser le siège de la RTS, le bus s’arrêta suite à la demande d’un client. Ainsi, d’autres clients rejoignirent le bus. Parmi eux un vieux en caftan bleu, écharpe et lunettes noires et babouches jaune. Apparemment, il était un habitué des bus. Néanmoins, il feignit ignorer le fait qu’on ne doive point monter à bord des bus muni d’une tasse de café de Touba.

Le receveur et le vieil homme se connaissaient. Ils passèrent alors aux salamalecs d’usage. Le respect des règles prescrites allait en prendre un sacré coup : le droit d’ainesse est sûrement passé par là. Le client sirota son café et se dirigea vers le chauffeur sans bourse déliée. Un jeune trentenaire lui céda sa place.

Il s’est passé de moi, lâcha le receveur. Fautif, il l’était. Mais, il ne  se cassa pas la tête, outre mesure. Il se plaignit seulement du fait que le vieux l’ait eu.

Avec sa barbichette et ses verres blancs, il nous confia : il nous faut un esprit de dépassement quand nous travaillons dans le secteur public : il nous faut avoir un gros cœur.

Troisième cas

Nous étions, cette fois-ci, dans un bus de la ligne 11, à l’arrêt de la Patte-d’oie, un vieux prit le bus. Il avait prévu de se rendre en ville, plus précisément à Sandaga. Il acheta son ticket. A cet instant, un autre client voulut l’itinéraire du bus.

Nous allons passerons par la corniche, dit le receveur à ce dernier. Ce mot « corniche » allait occasionner un quiproquo. En effet, le vieux qui devait se rendre à Sandaga alla aux nouvelles. Corniche, dîtes-vous ? Moi, je vais plutôt à Sandaga.

Oui, je vois. Au fait, je faisais allusion à la corniche des HLM et non à la corniche ouest, affirma le receveur.  

Satisfait par la réponse qu’on lui servit, le vieux nous dira « ça demande qu’on demande », en ouolof « dafa lacc lacc té »

II- Entre clients

Premier cas

Vendredi matin, nous avions pris la ligne 15 qui passe par l’autoroute. De l’arrêt des Niayes au rond point Cambéréne, deux clients se donnaient en spectacle. L’un cinquantenaire, l’autre trentenaire, peut-être. Le plus âgé avait mis un boubou traditionnel de couleur jaune assorti de babouches blanches avec sa barbe de deux jours ; le plus jeune était en chaussures de sport, jean et tee-shirt.

Un incident perturba le déplacement. Le client quarantenaire tenait à ses babouches comme il tenait à la prunelle de ses yeux.

-Jeune homme, fais attention, tu risques de salir mes babouches. Sur ce, il prit un mouchoir et nettoya.

-Je n’ai nullement l’intention de les entacher mais tu dis savoir qu’il y a du monde dans le bus.

Ce que je sais bien. Mais, évite de me marcher dessus.

Si, par extraordinaire, ça m’arrivait sache que je ne l’aurais pas fait exprès.

Un homme averti en vaut deux.

Ah bon ! Très remonté, le jeune dira : si tu ne veux pas qu’on s’approche de toi ou qu’on te touche, ne prends plus le bus.  Prends plutôt un taxi. Tu  serais seul et ne souffrirais pas sûrement.

Il ne fut pas facile de gérer cet accrochage. Nous étions spectateurs. Le temps aidant, ils reviendraient à de meilleurs sentiments : telle fut notre conviction.

Quelques minutes plus tard, le plus jeune se laissa bercer par les sonorités distillées par la radio. Thione Seck chantait les louanges de sa Diaga. Il tenait solidement la barre de fer jaune et hocher la tête.

-Figurez-vous, nous disait-il, Thione n’est pas mon artiste préféré mais sur ce coup-ci, je ne puis me retenir : la  « zik » est bonne. N’est-ce pas ?

Nous pensions la même chose, vu qu’il fallait déstresser autant en profiter.

Deuxième cas

Sur les allées du boulevard Centenaire, un jeune couple se déplaçait à bord de la ligne 6. Ils étaient avec leur petit garçon. Au moment où la femme parcourait les pages du magazine people acheté plus tôt, l’homme jouait avec son enfant. Voulant lui faire plaisir, il le porta sur ses épaules. L’enfant pouvait, à présent, tenir la barre et sautiller, comme bon lui semblait d’ailleurs.

C’est  dangereux ce jeu auquel s’adonne cet enfant, lui disait un client averti.

L’homme se souciait peu du danger qui guettait l’enfant. Il donna peu de crédit à la mise en garde du client. Une secousse et non des moindres eut lieu et le bébé cogna la barre.

A force de vouloir faire plaisir au bébé, il aura fini par lui faire mal du fait de son insouciance.  

Chronique vingt cinquième

1 vote. Moyenne 5.00 sur 5.

Ajouter un commentaire

Date de dernière mise à jour : vendredi 02 juillet 2021