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Seizième chronique

Le receveur se paya un somme

Chronique transports

Le receveur se paya un somme réparateur

Votre chronique transport refait surface après plus d’un mois de silence. Pour cette fois ci, nous retraçons un déplacement vers la banlieue. Celui-ci fut riche en évènements. Jugez-en vous-mêmes.

d-autres-photos-040-1.jpgPour nous rendre à Pikine, un minibus TATA de la ligne 43 fit l’affaire. Nous le prîmes à hauteur du marché Nguélaw. Nous attendions anxieusement le car sous un soleil de plomb, en plein ramadan. Tout d’un coup, un fait inédit attira notre attention. Un charretier convoyait des sacs de ciment à bord de sa charrette immatriculée   DK 0753 AM.

Interpellé, le charretier soutiendra la mort dans l’âme qu’il s’agissait, ni plus ni moins, d’une plaque d’immatriculation normale voire originale. Sur le point de partir, il me fit la leçon sur ce qui est original et ce qui relève de la contrefaçon ; alors que nous savions qu’il avait sûrement usurpé la plaque d’une voiture.               

A peine avions-nous terminé cet échange qui nous redonna le sourire malgré la fatigue liée à notre jeûne ( nous avions en outre les yeux bouffis de sommeil) que le bus s’immobilisa à son arrêt. Nous nous y engouffrâmes et ne trouvâmes qu’une place debout prés du receveur.

Une position plus que stratégique car à partir de là, nous étions obligés de procéder pour les autres clients à l’achat de leur ticket, en acheminant leur argent, leur monnaie ou leur ticket. De Castors à la Cité des eaux, il y eut un embouteillage monstre. Notre « TATA » roulait aux pas. Moment ne pouvait être plus propice pour cette passagère qui en profita pour demander qu’on lui hélât le revendeur de cartes pour un forfait. Elle avait besoin d’une carte de 1000Frs. Sitôt achetée, elle déchira le sachet enveloppant qu’elle jeta dans le car, par terre. Elle se servit d’abord de ses doigts qu’elle passa sur la surface à gratter, puis se ressaisit et sortit une pièce de 100frs pour dévoiler le code soigneusement caché.  Elle attira l’attention de bon nombre de clients assis à ses côtés.

Nous quittâmes ce bouchon et notre TATA s’arrêtait fréquemment comme à son habitude. De la Patte d’oie au rond-point Cambéréne  se produisit un nouvel embouteillage. Le receveur : une fille de teint clair sac en bandoulière habillée en pagne et foulard noir assortis d’un haut blanc  se payait un somme. Nous pensions qu’elle était habituée à faire la sieste. Elle s’était couchée sur sa main droite avec son stylo à la gauche, nous comprîmes après coup qu’elle était gauchère.

Nous tentâmes de la réveiller en secouant légèrement sa main droite lorsque l’un de ses téléphones sonna. Hélas, son sommeil était tellement profond qu’elle ne s’en rendit même pas compte. Il ne fallait pas lui gâcher ce somme fort bénéfique, pensions-nous.

A quelques encablures dudit rond-point, elle fut obligée de se réveiller devant l’insistance d’une cliente qui voulut descendre du car.

Nous refîmes notre geste avec insistance. Elle se réveilla. Avec comme excuse : depuis 3 heures trente du matin je suis debout. Le chauffeur lui reprochait de ne pas avoir fait la demande à temps. Elle susurra ne pas savoir là où nous nous situions.

A Bountou Pikine la radio de notre TATA nous servit la dernière séquence de la revue de presse teintée de cinéma de l’animateur Ahmed Aïdara sur la chaîne Zik FM. Il relatait un fait-divers ayant tourné au drame : A Touba, une femme battit par son mari lui mordit le sexe. Presque tous les passagers en ont ri. Notre presse à sensation réussit bien son coup au grand dam de la prise de conscience. Nous descendîmes du minibus vers le marché surnommé Syndicat, nous occupâmes de notre rencontre avant de rebrousser chemin.

Retour à bord de bus DDD

sur-ibnoze-009.jpgNous changeâmes de décor, de moyen de transport. Au moment où nous nous dirigions vers la boutique d’orange afin de profiter de la promotion Orange Money, le bus stationna à deux pas de nous. Il s’agissait de la ligne 12 de Dakar Dem Dikk passant par l’autoroute : un parcours express contrairement à l’autre 12 empruntant Yarakh. Nous n’eûmes pas le temps de réfléchir, il fallait embarquer. En rejoignant le bus par la porte arrière que le chauffeur avait déjà ouverte, un autre client nous marcha sur les pieds.  C’était un vieux, avec une petite moustache, de plus de cinquante ans en caftan beige, lunettes noires, sac à la main qui, se sentant coupable, formula plusieurs excuses à notre endroit avant de payer un ticket pour enfin s’asseoir non loin du chauffeur.

La circulation était fluide de l’axe Pikine à la Cité des Eaux. Sur l’avenue Bourguiba, un téléphone sonna haut et fort. Son propriétaire décrocha. La communication tourna rapidement au vinaigre. Le gars s’étant énervé du fait du ramadan demanda à son interlocuteur de faire doucement, de ne point lui mettre la pression vu qu’il avait jeûné et qu’il avait faim. Il lui proposa d’attendre l’heure de la rupture.  

Diallo Ibnou

 

 

 

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Date de dernière mise à jour : vendredi 02 juillet 2021