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Une justice aux relents peu ou prou politiques

Les sieurs Barth et Cheikh Béthio

Nous n’avons, vraiment, pas à applaudir pour le bon fonctionnement de la justice. Vivement, que ces audits qui sont à l’origine des auditions en cascades, d’anciens dignitaires du régime déchu,  à  la Division des Investigations Criminelles et à la Brigade de Gendarmerie, se poursuivent si tant est qu’il n’y ait pas de relents plus ou moins politiques.   

Libération de Barth. un fait, somme toute, cocasse :barthelemy-diaz-29-dec-2011-1.jpg

Nous avions, en décembre 2011, milité en faveur de la libération du maire de Sacré cœur-Mermoz en l’occurrence Barthélémy Dias. Ceci étant, nous avions produit un article, deux jours après son arrestation, que nous intitulions « Barthélémy Dias : Héros disiez-vous ? Non, victime plutôt ! »Logique pour logique, nous ressentons l’impérieuse nécessité de donner, en toute lucidité, notre opinion sur la suite réservée à cette affaire, jugée en son temps politique.

La libération du maire Barthlémy Dias intervint, après avoir été annoncée, de façon insistante par la presse. En sus, le bruit courait depuis des semaines. Le fait est que des analystes, avertis de la scène politique nationale, n’avaient pas manqué de dénoncer l’investiture sur la liste de la mouvance présidentielle, du maire détenu à la Maison d’Arrêt et de Correction de Rebeuss.

De là à penser qu’il y a une instrumentalisation de la justice, il n’y a qu’un pas à franchir. Ce que certains franchissent volontiers, au moment où d’autres se contentent de brandir l’argument de la deuxième arme, qui aurait sauvé Barthélémy Dias. On aura beau essayer de démontrer qu’il n’y a pas de relents politiques dans cet élargissement, mais une chose est sûre : le dossier est cousu de fil blanc. En réalité, tout les sénégalais savaient qu’il allait être libéré avant les élections législatives.

Sitôt libéré, Barthlémy Dias a fait la « une » des journaux. Il fut invité sur plusieurs plateaux de radios de la place. Des sorties diversement appréciées eu égard aux membres de la famille du défunt Ndiaga Diouf et non moins nervi, qui clamaient leur indignation. Le bon sens voudrait que Monsieur le Maire apprenne de ses erreurs car son affaire n’honore pas la justice sénégalaise. Et puis, une attitude plus mature voudrait que le jeune socialiste s’assagisse beaucoup plus ; en ne faisait plus montre à tout bout de champ, de sa fougue légendaire. Par conséquent, Barthlémy, en raison des responsabilités qui lui sont confiées, devrait tempérer ses ardeurs : au nom de la République.

Non ! Monsieur le Maire, vous n’êtes pas un héros. Ayez l’humilité de le reconnaître. De fait, vous ne sauriez être traité comme tel. Le contexte a changé, la famille Wade n’est plus au pouvoir, donc une reconversion s’impose. Ne serait-ce que sur le plan de la phraséologie. Vous n’aurez plus besoin d’insulter ou d’être grossier. Vous devrez vous poser en modèle. Oui ! En modèle, pour ces milliers de jeunes qui se référent à vous. Heureusement, vous avez pris du recul, en vous donnant des vacances, loin du pays de la téranga.

Ah ! Ces hommes politiques :

La justice et la société civile doivent jouer pleinement leur rôle d’avant- garde, en arbitrant le jeu politique. Que de dérives notées dans le comportement de nos politiques, que dis-je, de nos politiciens. Ainsi, le citoyen Sénégalais est à la merci des acteurs politiques et des journalistes qui le malmènent à coup d’informations et de contre-informations.

Le champ politique doit être assaini. En effet, l’exemplarité doit y occuper une place de choix. Être un acteur politique ne devrait aucunement constituer une occasion pour se lancer des invectives ou faire de la politique politicienne. Pour cela, le Maire Barthlémy Dias, au même titre que d’autres tels que : Maître El Hadji Diouf, Youssou Touré, Moustapha Cissé Lô, Farba Senghor et bien d’autres encore gagneraient à se ressourcer auprès des règles classiques, qui déjà au 17e siècle, promouvaient les qualités de « l’honnête homme universel ». Celui-ci serait sociable, cultivé, rigoureux dans sa manière de penser, mesuré dans ses actes comme dans ses propos, non dominé par l’amour propre, et ouvert à la nouveauté.    

 

Affaire Cheikh Béthio Thioune cheikh-bethio0992.jpg

En dépassionnant évitons de passionner à nouveau :

Lundi 23 Avril 2012, une nouvelle aura pris de haut tous les sénégalais. En effet, tôt le matin déjà, les revues de presse firent état d’une bagarre ayant opposé des disciples de Cheikh Béthio Thioune appelés « thiantakounes », la veille dans le village de Keur Samba Laobé, rendu tristement célèbre par cette affaire. Certains journaux annonçaient un double meurtre, mais avaient sitôt dit, sitôt pris le soin de démentir cette information, après avoir joint le guide spirituel Cheikh Béthio Thioune.

Dans l’après-midi, les radios rivalisaient d’éditions spéciales consacrées à cette exclusivité. Elles seront rejointes par la presse en ligne et les parutions de la presse écrite le lendemain. Tous les organes de presse se ruaient à la course aux scoops. Les « unes », articles et chroniques portant sur cet événement malheureux ont parfois choqué car passant outre les règles de la déontologie journalistique, en montrant des images cruelles d’exhumation de cadavres.

Cette avidité de la presse dans son désir d’informer est aussi perceptible à travers les titres qui barraient la « une» des journaux durant cette semaine et plus précisément pendant la garde à vue, survenue dés le lundi même, du « Cheikh » comme l’appellent affectueusement ses talibés.

Rien ne saurait justifier le meurtre a fortiori le double meurtre dans des circonstances atroces. Ainsi, la presse semblait se délectait du malheur des autres non seulement de celui des familles des deux victimes mais aussi de celui des principaux inculpés, avec des titres du genre :

 « Béthio au gnouf » selon Enquête ; « Béthio deem na ndungusine » d’après Libération ; pour sa part La Tribune annonçait « Béthio dans 5 trous», Walf Grand Place titrait « Béthio et 57 talibés pour un thiante en prison» ; L’Observateur avait choisi « Béthio s’est troué, il va en prison aujourd’hui».

Tous ces titres servaient d’alibi à une fin de l’impunité au Sénégal. Néanmoins, il y avait une constante : le « Cheikh » était mis en examen.

Profil du Cheikh :

Cheikh Béthio Thioune, ancien administrateur civil de classe exceptionnelle s’est reconverti depuis quelques décennies en guide spirituel d’une grande communauté présente dans la confrérie mouride. Avec ses sorties fracassantes, il était devenu une personnalité qui dérangeait et qui plus est revendiquait des millions de disciples : ne lançait-il pas urbi et orbi en détenir cinq millions exactement ? De fait, ses prises de position choquaient plus d’un, car Il a voulu peser de tout son poids dans le jeu politique.

Il aura, malgré certaines dérives inhérentes à toute logique de groupes, eu, quoi qu’on dise, le mérite d’avoir redonné confiance à des milliers de jeunes et de moins jeunes sénégalais déboussolés ; et ceci au prix d’un endoctrinement qui faisait peur, et d’une passion qui allait avec. Cet incident, fort regrettable, à plus d‘un titre, permettra aux vrais disciples du Cheikh, non pas de le quitter en le désavouant, se disant que le mythe était tombé, mais  de se ressaisir et de relativiser la force de leur guide. Il aura, aussi le mérite d’occasionner un bilan qui s’impose à eux, en vue de redonner vigueur à la communauté.

En prison, le «  cheikh » réfléchira sur l’avenir de son assemblée et ne manquera pas, en manager spirituel de surmonter cette rude épreuve qui échappe à son contrôle.

Nombreux sont ces analystes et autres observateurs ne devraient en aucune façon, profiter de cette « opportunité » que constitue sa mise sous silence, pour s’acharner sur le malheur de Cheikh Béthio Thioune. Point n’est besoin de ressasser, à longueur de colonnes, de plateau ou d’ondes, le passé de cette communauté et tous les désagréments qui lui étaient propres. De tels désagréments portaient sur l’endoctrinement avec des talibés qui ne juraient que par leur guide ; la « récupération » de disciples qui dépensaient énormément avec ces impositions ou « sass » en ouolof ; les mariagescontractés à l’insu des parents biologiques des « thiantakounes »,etc.

La foi étant sensible, nous nous devons tous de respecter les croyances ou choix des autres, en évitant de tomber dans le piège  consistant à passionner à nouveau le débat, en voulant vaille que vaille le dépassionner.

M. DIALLO IBNOU

Doctorant ès Lettres Modernes, Option Grammaire Moderne

Professeur de Lettres Modernes (ibndiallo@gmail.com)

Blog : ibnoze.seneweb.com

par Ibnou Diallo, lundi 11 juin 2012, 23:16 ·

 

 

 

 

 

 

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Date de dernière mise à jour : lundi 05 juillet 2021