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La jeunesse le mariage et

La virginité

       Jeunes gens: la pudeur, la décence n’ont pas de prix !couple.jpg

Réfléchissant sur l’école occidentale, le chef des Diallobé, dans L’Aventure ambigüe de Cheikh Hamidou Kane,  pose avec acuité une question d’une étonnante actualité : « peut-on apprendre ceci sans oublier cela, et ce qu’on apprend vaut-il ce qu’on oublie ? » 

Plus loin, dans ce même chef-d’œuvre, la Grande royale haranguant la foule soutient : « l’école où je pousse nos enfants tuera en eux ce qu’aujourd’hui nous aimons et conservons avec soin, à juste titre»

Ces citations nous servent d’alibi,  dans notre projet consistant à analyser l’interaction tradition/modernité chez les jeunes au Sénégal.

Le seul trésor qu’un parent puisse procurer à son enfant demeure une bonne éducation. Cependant une chose est de donner une éducation de qualité à sa progéniture, une autre consiste à préparer celle-ci, en vue de ne pas céder, par complexe, à certaines tentations extérieures inhérentes à notre époque.

La mondialisation, n’a-t-elle pas comme corollaire, l’uniformisation des pratiques ou plutôt, ne se résout-elle pas une imposition par la culture occidentale des valeurs qui, jusqu’à quelques décennies, lui étaient propres ? En réalité, les agressions, dont nos cultures locales font l’objet, sont tellement nombreuses qu’on a tendance à les banaliser.

                Habits indécents : haut « pathial », pantalon « dangal »…

Le modèle occidental s’impose à nous, à longueur de journée, via les medias, la mode, etc. De fait, les jeunes filles et garçons se sentent obligés de singer tout ce qui provient de cette partie du monde. Ainsi, l’indécence à travers des tenues obscènes, est promue dans le cadre du port vestimentaire. Par conséquent, les habits « hauts » dits «pathial » ou pantalons communément appelés « dangnal » c’est-à -dire très serrés car venant tout épouser,  en divulguant les moindres parties du corps, se vendent comme des petits pains.

Ceci étant, nous soulignons que chacun est libre de ses actes et de ses choix ; encore faudrait-il que chaque personne fasse de son mieux, pour ne pas devenir esclave de la mode ;  et encore de quelle mode ? D’ailleurs, le plus choquant c’est quand on se met à adopter des pratiques qui permettent de distinguer des communautés, la chaînette au pied, le piercing, les pantalons « slims » chez les hommes, etc.

Le « tout-artificiel » chez les africaines :

Des sommes astronomiques sont dépensées par nos femmes africaines pour se faire belles. Les salons de coiffure poussent comme des champignons. Et à ce rythme plus rien  ne sera naturel chez nos africaines : mèches, greffages, faux cils, faux ongles, fausses hanches etc. Une récente étude faisait état de la manne financière dépensée pour l’achat de mèches et autres cheveux dits malencontreusement « naturels » puisqu’il n’y a pas plus naturels que ces cheveux qu’on a, déjà, à la tête.

  La question de la virginité éloge ou critique:

La dégradation des mœurs, elle,  est sur toutes les lèvres. Les temps ont changé diront certains ; alors que d’autres soutiendront que ce sont les personnes qui ont changé. La polémique enfle, avec ces deux camps qui s’opposent : traditionnalistes et modernes. Si les premiers sont partisans et défendent farouchement la préservation de certaines valeurs ancestrales telles que la pudeur, la décence, la virginité, etc. Les seconds, du fait des habitudes modernes et des élans libertaires, considèrent qu’il faut vivre sa vie comme on l’entend (en plus de défendre son orientation sexuelle) et soutiennent que « ça fait ringard » de rester vierge, au vingt et unième, sous prétexte d’attendre tranquillement le mariage.

Justement le mariage, malgré une forte tendance à sa désacralisation, nombreux sont ceux qui pensent que l’honneur peut sauver une union entre  conjoints.

Vierge, par ces temps qui courent ; c’est un réel challenge, eu égard à toutes ces agressions liées à la modernité. Et pourtant, il y a un paradoxe car de nombreuses filles sont laissées en rade par leur copain,  au moment de se  marier, arguant qu’elles n’étaient pas vierges. Dés lors, nous sommes en droit de nous demander si le mariage repose essentiellement sur la perte ou la sauvegarde de l’hymen.                      

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Pour ne plus être vierge, nous supposons qu’il faut, d’ordinaire, être deux personnes  responsables ; à moins qu’il ne s’agisse d’un accident. Le caractère épicurien aidant, au Sénégal le concept « bégué » ne cesse de gagner du terrain avec ses dégâts incommensurables ; chacun vaudrait profiter au maximum de sa vie et des mondanités qui vont avec. Bon nombre de filles regrettent amèrement leur aventure avec un petit ami qui, le temps d'un jeu fatal appelé flirt ou préliminaires, ont commis cette faute irréparable en flirtant avec le danger.

Paradoxalement, dans la société sénégalaise, on peut se réclamer de la modernité, tout en restant profondément ancré à la tradition. Au cas échéant, donne-t-on raison sans le savoir à Léopold Sédar Senghor lorsqu’il parlait d’enracinement et d’ouverture ?

Conscientes, du risque de déshonneur qui entacherait la réputation de la famille, après la perte volontaire ou accidentelle de leur trésor, des filles ont recours à la médecine moderne qui, le plus souvent, n’est pas à la portée de toutes les bourses ; ou parfois aux charlatans, féticheurs ou soi-disant marabouts venus de la sous-région, qui, au travers des pratiques mystiques permettraient à leurs clientes désespérées, en toute clandestinité, de recouvrer leur hymen ou plutôt leur jeunesse, si on traduit le terme wolof « ndaw ». Cette pratique risquée n’est pas sans conséquences désastreuses. En effet, beaucoup de charlatans abusent de leurs clientes ; les faits-divers, relatés par nos médias friands de « sensationnel », en disent long.

Une fois le mal fait, deux possibilités s’offrent à la fille « victime» : continuer sur cette lancée soit avec le même petit ami qui promet en vain le mariage, soit avec d’autres,  soit regretter son erreur fatale en recourant à la religion et  attendant tranquillement un mari compréhensif, ultramoderne.

Tout ça pour ça :

Or, un constat s’impose, si c’est pour aller à la quête d’un nouvel hymen médical ou maraboutique, en tout état de cause artificiel pourquoi avoir joué avec le feu ?

Seul le point de vue religieux répond à une telle interrogation. En effet, les religions révélées, qui plus est, l’islam recommande au plus haut point l’abstinence. Ne nous y dit-on pas, à propos de la fornication : Ne vous y approchez pas ?

Et puis, ce n’est pas parce qu’on a perdu sa virginité, qu’on n’est plus digne de confiance ; tout comme il n’est pas dit que quand on n’est pas dépucelée, on est vertueuse. Toutefois être une bonne ou mauvaise personne ne pourrait dépendre que de la seule virginité, à coup sûr. En outre, en voulant se marier avec quelqu’un ne devrait-on pas tenir en compte le passé de la personne aimée.

Attitudes des hommes : hypocrisie ou calcul intéressé

La formule sonne comme une sentence : « Fais ce que tu voudras, avec qui tu voudras ; mais au moment de te marier trouve-toi une femme vertueuse, docile, soumise, pure bref vierge ». Une telle vision est, certes, empreinte d‘hypocrisie, mais elle dénote d’un caractère respectueux que requiert tout mariage. Au demeurant, le religieux jeune et moderne, très au fait, des outils informatiques rencontré n’a pas manqué de souligner qu’Allah recommande la chasteté au garçon et à la fille.

Notre interlocutrice du jour, défenseure de la cause féminine, n’a pas manqué d’ajouter que les hommes avaient la chance de procéder à des « appels illimités » à avoir des relations à tout-va, dans une moindre mesure, en dépit des recommandations divines, contrairement aux filles qui, quant à elles,  s’y piqueraient si tant est qu’elles s’y frottassent.

Comme si certains hommes sénégalais s’étaient passés le mot car nombreux reconnaissent avoir « joué» pour employer le mot consacré mais lorsqu’il s’agit de se marier, ils  réfléchissent par deux fois avant de choisir la future maman de leurs enfants. Véritable jeu de dupe à y voir de très prés.

Ailleurs, on fait la publicité de sa «première fois », l’essentiel étant qu’il se soit produit durant l’adolescence ; ici, on essaie, tant bien que mal, d’attendre sa lune de miel pour honorer ses parents et par contrecoup soi-même afin de mériter le respect et la confiance de son mari ; et par delà de toute une société encline à protéger quelques valeurs ancestrales.

M. DIALLO IBNOU

Doctorant ès Lettres Modernes, Option Grammaire Moderne

Professeur de Lettres Modernes (ibndiallo@gmail.com)

Blog: ibnoze.seneweb.com

 

par Ibnou Diallo, lundi 28 mai 2012, 13:15 ·

 

 

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Date de dernière mise à jour : lundi 05 juillet 2021