"Savoir vieillir" de François Fabiè
Texte cent quarante-sixième
I- Présentation de l’auteur : François Fabié (1846 - 1928) est un écrivain français. « Il publia huit recueils chez Lemerre alors éditeur renommé des Parnassiens. »
II- Texte : Savoir vieillir
Vieillir, se l'avouer à soi-même et le dire,
Tout haut, non pas pour voir protester les amis,
Mais pour y conformer ses goûts et s'interdire
Ce que la veille encore on se croyait permis.
Avec sincérité, dès que l'aube se lève,
Se bien persuader qu'on est plus vieux d'un jour.
À chaque cheveu blanc se séparer d'un rêve
Et lui dire tout bas un adieu sans retour.
Aux appétits grossiers, imposer d'âpres jeûnes,
Et nourrir son esprit d'un solide savoir ;
Devenir bon, devenir doux, aimer les jeunes
Comme on aima les fleurs, comme on aima l'espoir.
Se résigner à vivre un peu sur le rivage,
Tandis qu'ils vogueront sur les flots hasardeux,
Craindre d'être importun, sans devenir sauvage,
Se laisser ignorer tout en restant près d'eux.
Vaquer sans bruit aux soins que tout départ réclame,
Prier et faire un peu de bien autour de soi,
Sans négliger son corps, parer surtout son âme,
Chauffant l'un aux tisons, l'autre à l'antique foi,
Puis un jour s'en aller, sans trop causer d'alarmes,
Discrètement mourir, un peu comme on s'endort,
Pour que les tout petits ne versent pas de larmes
Et qu'ils ne sachent pas ce que c'est que la mort.
François Fabiè, Ronces et lierres, 1912.
III- Quelques axes de lecture
- Un viatique, une vision, un programme
- Présentation d’un ensemble de désirs, de conseils, de volontés, etc.
- Portée didactique du poème
- Les valeurs de l’infinitif : l’infinitif injonctif ou de commandement
Repérage et interprétation de figures de style : parallélisme, anaphore, antithèse, métaphore, zeugme, personnification, chiasme, etc.
Versification
- Forme du poème : nombre de strophes ? Mètre utilisé ?
- Disposition, nature et qualité des rimes
IV- Insistons sur :
1- Le mètre : Le nom du vers est défini par le nombre de syllabes qu’il comporte. Une syllabe est un ensemble de consonnes et de voyelles se prononçant d’une seule émission de voix. On parlera ainsi de :
Monosyllabe ou 1 syllabe
Dissyllabe : 2 syllabes
Trisyllabe : 3syllabes
Tétrasyllabe ou quadrisyllabe : 4 syllabes
Pentasyllabe : 5 syllabes
Hexasyllabe : 6 syllabes
Heptasyllabe : 7 syllabes
Octosyllabe : 8 syllabes
énnéasyllabe : 9 syllabes
Décasyllabe : 10 syllabes
Hendécasyllabe : 11 syllabes
Alexandrin : 12 syllabes
Depuis le 16e siècle, l’alexandrin est le vers le plus utilisé dans la poésie française.
2- LES RIMES : Elles organisent un jeu d’écho entre les sonorités finales de deux ou plusieurs vers. Elles permettent de délimiter les strophes.
Qualité des rimes :
a. Rimes pauvres : on parle de rimes pauvres lorsqu’il y a une seule sonorité commune à deux ou plusieurs vers.
Exemple : Vers 18 : Prier et faire un peu de bien autour de soi,
Vers 20 : Chauffant l'un aux tisons, l'autre à l'antique foi,
b. Rimes suffisantes : Des rimes sont dites suffisantes quand il y a deux sonorités communes à des vers.
Exemple : Vers 2 : Tout haut, non pas pour voir protester les amis,
Vers 4 : Ce que la veille encore on se croyait permis.
c. Rimes riches : Les rimes sont dites riches s’il ya plus de deux sonorités communes aux vers.
Exemple : Vers 13: Se résigner à vivre un peu sur le rivage,
Vers 15 : Craindre d'être importun, sans devenir sauvage
3- Une strophe est un ensemble de vers offrant une organisation particulière des rimes et formant souvent une unité pour le sens. Elles peuvent avoir entre deux et douze vers et porter les noms suivants :
Distique ou strophe renfermant 2 vers
Tercet 3 vers
Quatrain 4 vers
Quintil 5 vers
Sixain 6 vers
Septain 7 vers
Huitain 8 vers
Neuvain 9 vers
Dizain 10 vers
Onzain 11 vers
Douzain 12 vers
4- Des figures de style :
- L’anaphore : Elle consiste à répéter les mêmes mots, en tête de phrases, de vers successifs ou de groupes de mots. Elle rythme la phrase, souligne un mot, une obsession tout en dégageant un thème.
Exemple : « Devenir bon, devenir doux, aimer les jeunes
Comme on aima les fleurs, comme on aima l'espoir. »
- Le parallélisme : C’est le fait d’utiliser une syntaxe semblable pour deux énoncés. Il rythme la phrase en mettant en évidence une antithèse.
Exemple : « Devenir bon, devenir doux, aimer les jeunes
Comme on aima les fleurs, comme on aima l'espoir. »
L’antithèse : C’est le rapprochement de deux termes, deux expressions ou deux propositions contrastées. Elle crée un effet de surprise ou un effet comique.
Exemple : « Chauffant l'un aux tisons, l'autre à l'antique foi, »
- LE CHIASME est une antithèse dont la deuxième proposition est en ordre inversé par rapport à la première.
Exemple : « Aux appétits grossiers, imposer d'âpres jeûnes, »
12/03/2017
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