« Un rhume qui n’en finit pas » de Raymond Queneau
Texte cent trente-septième
Texte choisi : « Un rhume qui n’en finit pas » de Raymond Queneau (1903-1976)
I- Présentation du texte : Raymond Queneau adhéra en 1924 au surréalisme. Il quitta le groupe en 1929.
Oulipo est la forme abrégée de « Ouvroir de Littérature Potentielle ». Il s’agit d’un groupe qui réunit autour de Raymond Queneau ( 1903-1976), des écrivains comme Georges Perec, François Le Lionnais, etc. ils avaient une conception ludique de la littérature. Le projet oulipien consistait à « écrire dans le cadre de contraintes que l’on a soi-même créées (exemple : écrire un texte en évitant d’utiliser une des lettres de l’alphabet). De telles contraintes s’inspirent parfois de théories mathématiques. »
Le présent poème « Un rhume qui n'en finit pas » est tiré de son recueil Battre la campagne paru en 1968.
II- Texte : Un rhume qui n'en finit pas
Quand on examine le vaste monde
ses beautés ses tristesses et ses aléas
on se demande on se demande
à quoi rime tout cela
mais qui mais qui donc tousse là?
le jour se transforme en nuit
le bas se retrouve en haut
un autobus croque un fruit
un pigeon roucoule miao
mais qui mais qui donc tousse là-haut ?
on ne connaît jamais le fond des choses
et l'on ne s'y résigne pas
on croit à la métempsycose
ou bien l'on n'y croit pas
mais qui mais qui donc tousse là-bas ?
dans la nature ou bien ailleurs
c'est un peu partout que poussent
les sophismes de l'erreur
on ne les connaît même pas tous
mais qui mais qui mais qui donc tous ?
Raymond Queneau,"Un rhume qui n’en finit pas" , in Battre campagne, 1968.
Aléas : hasards divers
Métempsycose : réincarnation de l’âme après la mort
Sophismes : raisonnement qui cherche à tromper par une apparence de logique
III- Quelques axes de lecture
- Une réflexion métaphysique
- Un monde surprenant
- Un travail de dérision
- Quelques spécificités du poème
- Effacement de la ponctuation
- Quel vers répété quatre fois (aux vers 5, 10, 15 et 20) symbolise le refrain ?
- Repérage et interprétation de figures de style : anaphore, antithèse, parallélisme, métonymie, paradoxe, etc.
IV- Insistons sur :
1. Le registre parodique :
La parodie est une imitation à finalité comique. Le burlesque qui consiste, par exemple, à composer une épopée à propos d’un sujet trivial ou à traiter de manière triviale un sujet noble renvoie à la parodie. L’art de cette dernière consiste à imiter en provoquant le rire. La parodie peut avoir un effet critique et dénonciateur en démystifiant une situation, un personnage ou un genre littéraire.
Procédés : provocation du rire à travers le lexique, ampleur du rythme.
2. L’allitération : C’est la répétition d’un même son consonantique dans des mots qui se suivent. Ces mots sont mis en valeur par la répétition insistance du son.
Exemple : « ses beautés ses tristesses et ses aléas »
Bon dimanche à tous !
1 /01/2017
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